14 JUIN 2011: J'ai rendez-vous avec Mme Bernadette DUPONT, sénatrice des Yvelines, pour lui présenter l'initiative citoyenne en faveur de Josette Spiaggia.
Mme Dupont m'a été suggérée par une récipiendaire de l'ordre du mérite, qui habite dans les Yvelines, connue dans le milieu des anciens combattants et des rapatriés. J'avais rencontré cette personne lors d'un vernissage-expo organisé à Versailles et elle m'avait proposé de confier ce dossier à Bernadette Dupont.
Alors que je patientais à l'accueil du Sénat, là où entrent les groupes qui visitent le Sénat, Mme Dupont s'est présentée et m'a demandé de la suivre dans une autre aile du bâtiment. Elle me fait passer, et demande à l'agent de sécurité de ne pas me soumettre aux contrôles classiques. J'ai droit à une entrée privilégiée !
Nous traversons plusieurs salles, montons un très haut escalier, avant d'arriver dans une grande salle où l'expression "les Ors de la République" prend tout son sens. Le Sénat brille de mille feux sous les éclats des lustres, des tableaux, des colonnes, du tapis rouge et du mobilier d'époque.
Mobilier d'époque, certes, mais peu pratique. Nous nous installons dans un coin de cette salle, où deux fauteuils bas nous attendent, mais il manque une table basse qui me permettrait d'ouvrir plus confortablement le dossier de 300 pages dont je souhaiterais montrer quelques extraits à la sénatrice.
Le lieu n'étant pas adapté pour regarder ce document, il va donc falloir faire preuve d'éloquence. Je me présente, je lui indique comment j'ai été adressé à elle, et lui fais part de l'initiative dont je suis l'auteur. Je me dis que j'ai toutes les chances d'être entendu : Mme Dupont est membre de la commission de la Défense et des forces armées, ainsi que de la commission pour l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.
J'ai donc toute raison de croire que Mme Dupont sera sensible à ce dossier de proposition en faveur d'une femme qui a consacré une grande partie de sa vie à la cause militaire, au devoir de mémoire et au patrimoine militaire, et qui n'a pas vu par le passé ses efforts distingués, peut-être justement parce que, historiquement, les distinctions du Ministère de la Défense ont toujours été majoritairement décernées à des hommes.
Pendant que nous discutons, une assistante parlementaire vient nous interrompre et demande à Madame Dupont si elle peut venir siéger en commission au moment d'un vote important, car l'on risque de manquer de voix pour faire passer certains amendements. La sénatrice me regarde, demande à sa collaboratrice si sa présence est vraiment nécessaire, et choisit finalement de prolonger l'audience qu'elle m'accorde. A cet instant, je lui suis très redevable, et je tente de lui démontrer qu'elle a fait le bon choix.
Mme Dupont analysa ce dossier sous plusieurs angles et remarqua que le thème de l'Algérie Française, sur lequel Josette Spiaggia a essentiellement travaillé, est un sujet honorable mais qui ne rassemble pas que des avis consensuels. Elle me demande quel angle pourrait être abordé et qui pourrait être valorisé quel que soit l'interlocuteur qui traitera ce dossier.
Je lui réponds : "peut-être la campagne de soutien aux soldats du Golfe... elle avait expédié quelques centaines de colis aux militaires en première ligne de l'opération Daguet, et avait monté cette opération avec l'accord des autorités militaires".
Madame la Sénatrice a été sensible à cet argument et me répond qu'il y a là matière à faire quelque chose. Elle prend l'ensemble du dossier, mais me dit qu'elle va devoir trouver quelqu'un d'autre pour le proposer.
Inquiet, je lui demande pourquoi.
Elle me répond qu'elle termine son mandat cette année, et qu'un sénateur qui se retire bientôt, a finalement peu de poids pour défendre un dossier de proposition dont l'instruction dure plusieurs mois.
Je réfléchis. Le nom d'André Santini me vient en tête. Le député, ancien ministre, figure dans ce dossier au titre de deux courriers de remerciements à Josette Spiaggia pour l'organisation de manifestations avec la présence des "Cavaliers du Souvenir". J'avoue à Madame Dupont que j'ai bien tenté de solliciter une audience auprès de M. Santini, mais que je n'ai reçu pour toute réponse qu'un exemplaire de son magazine politique.
"Et il ne vous a pas répondu ?", s'étonne la sénatrice. "Bon, je vais lui en parler. Mais vous m'enverrez la copie de la lettre que vous lui avez adressée."
Une fois rentré chez moi, je repense à un autre sénateur : Christian Poncelet. Celui-ci était intervenu, dès 1995, en faveur de Josette Spiaggia pour la proposer à l'ordre du mérite, auprès du ministre de la Défense de l'époque (François Léotard). J'envoie copie de ces deux courriers à la sénatrice, celui que j'avais envoyé à Santini, et celui que Poncelet avait envoyé au ministre.
Au passage, je me suis dit qu'il était regrettable que la procédure d'initiative citoyenne n'ait pas existé plus tôt, car Christian Poncelet a été pendant dix ans président du Sénat. A cette fonction, proposer quelqu'un à une distinction honorifique aurait été une démarche couronnée de bien plus de succès qu'émanant d'un "simple" sénateur. Je me dis que j'ai loupé une occasion et que je la regrette.
Quelques jours plus tard, j'eus la surprise de découvrir que la sénatrice avait sollicité le soutien de ... Roger ROMANI, vice-président du Sénat. Romani ? Mais ce nom me rappelle quelque chose ! Il n'a pas été secrétaire d'Etat aux Rapatriés ?
J'appelle Josette au téléphone. Elle me confirme qu'elle l'avait rencontré, à l'époque, probablement pour une inauguration de maison des Rapatriés quelque part dans le sud de la France. Elle doit même avoir une photo d'archives. C'est bien le même Roger ROMANI, ancien ministre chargé des Rapatriés, qui est aujourd'hui vice-président du Sénat.
Les regrets de n'avoir pas pu adresser cette initiative à Christian Poncelet du temps où il était président du Sénat, sont bien vite effacés par cette excellente nouvelle.
Le 5 juillet, Bernadette DUPONT et Roger ROMANI ont donc adressé un excellent courrier de soutien en faveur de Josette Spiaggia, au Grand Chancelier de la Légion d'Honneur et au Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, en leur joignant le dossier. C'était davantage que ce que je pouvais espérer !
Je n'ai pas tardé à adresser un courrier de remerciements à la sénatrice, et à son assistante parlementaire, sans oublier M. ROMANI bien sûr, pour leur courrier de soutien dont les termes ont été mieux choisis que je n'aurais su le faire moi-même.
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